Le numérique a envahi notre quotidien, au travail comme à la maison. Ordinateurs, tablettes et smartphones nous permettent de rester connectés en permanence, d’échanger des informations et des données de manière instantanée, ou encore de communiquer à tout moment. Cette dématérialisation ultra pratique nous fait oublier l’impact du numérique sur l’environnement. De leur fabrication à leur fin de vie, ces objets ont une existence bien réelle, et la pollution qu’ils engendrent l’est tout autant. Nous parlons maintenant de « pollution numérique ». Pour prendre conscience de l’impact du numérique sur l’environnement, il faut imaginer la fabrication de l’un de nos bijoux de technologie. Cet appareil va ensuite être connecté à internet. Mais quel est l’impact d’internet sur l’environnement ? Le sujet est rarement évoqué, alors qu’il s’agit d’une réalité. Le développement de la fibre ou de la 5G s’ajoute également au débat. La fenêtre est étroite pour les acteurs de l’environnement, qui doivent cohabiter avec l’essor de l’intelligence artificielle toujours plus présente. Nous verrons cependant que nous pouvons agir individuellement pour réduire l’impact du numérique sur l’environnement.
Impact de la fabrication et de l’utilisation des appareils numériques
La technologie avance et nous emmène toujours plus loin. Les appareils qui nous entourent sont de plus en plus perfectionnés, et chaque innovation rend l’objet précédent désuet, voire obsolète. Qu’à cela ne tienne, il suffit de changer, qui de téléphone, qui de téléviseur, chacun souhaitant bénéficier des derniers progrès technologiques.
Achat d’un objet numérique
Mais avant de trôner au rayon des appareils de haute technologie, notre ordinateur portable, ou notre téléphone, est sorti d’une usine qui rejette des gaz à effet de serre. Cet ordinateur ou ce smartphone ont ensuite été transportés jusqu’au point de vente. Vous aussi, vous vous êtes déplacé, ou l’objet vous a été livré. Fatalement, ces actions génèrent de la pollution.
Collecte des matières premières
Mais creusons encore un peu pour nous intéresser aux matières premières qui composent cet ordinateur et pratiquement tous les objets connectés. Il faut rassembler des métaux issus des quatre coins de la planète, et dont l’extraction se fait à grand renfort d’énergie fossile, d’eau et autres ressources. Le lithium est extrait en Bolivie, le tantale vient du Congo, l’or est australien et les terres rares proviennent de Chine. C’est tout cela que l’on appelle la pollution numérique, et dont peu d’entre nous ont réellement conscience. C’est certainement parce qu’elle se trouve en début de chaîne, avant même la fabrication de l’objet. Cette incidence si abstraite pour nous est qualifiée de « pollution importée ».
Impact d’internet sur l’environnement
Une fois entre nos mains, nos appareils électroniques polluent encore, toujours de façon invisible. Notre connexion permanente a beau être impalpable, elle n’en est pas moins réelle. Selon l’association The Shift Project, le numérique est responsable de 4 % des gaz à effet de serre émis dans le monde, et la consommation énergétique de ce secteur augmente de 9 % par an. Le réseau internet tisse sa toile et le trafic s’intensifie. Le transfert et le stockage de données s’accroissent de manière exponentielle et le nombre de centres de données a explosé en quelques années, passant de 500 000 en 2012 à plus de 8 millions à ce jour. L’empreinte carbone des data centers peut se comparer à celle du transport aérien, soit 2 % des gaz à effets de serre émis sur la planète.
Fin de vie des équipements numériques
En fin de vie, nos appareils connectés restent polluants. Que faire de ces tonnes de composants mis au rebut chaque année ? Difficile de savoir réellement ce que deviennent nos déchets numériques, tant les versions s’opposent.
Les chiffres de l’ADEME
En France, on a mis en place des filières de recyclages. Elles organisent la collecte des équipements électriques et électroniques ainsi que leur traitement. Selon l’ADEME, le taux de collecte de ces appareils était de 49 % en 2017 et 51 % en 2018. Difficile de savoir s’il faut s’en féliciter.
Le rapport de l’ONU
D’autant plus qu’en 2020, l’ONU tient un tout autre discours. Nous générons toujours plus de déchets électroniques, 21 % de plus ces cinq dernières années. À ce rythme, l’ONU prévoit que les chiffres actuels auront doublé en 2030, pour atteindre 74 millions de tonnes métriques. Dans son rapport, l’ONU annonce qu’en 2019, on a collecté et recyclé 17,4 % des déchets électroniques.
L’alerte de Greenpeace
Concernant le retraitement de nos déchets, et en particulier celui de nos déchets électroniques, Greenpeace nous alerte sur d’autres réalités. En effet, on exporte une partie de nos déchets électroniques clandestinement vers l’Afrique ou l’Inde, échappant ainsi à tout processus de recyclage. Ces opérations se déroulent sous couvert d’alimenter le marché de l’occasion, très dynamique sur le continent africain. A Agbogbloshie au Ghana il y a la plus grande décharge à ciel ouvert du monde. Chaque année on y déverse 40 000 à 50 000 tonnes de matériel électrique et électronique.
Quelles solutions pour réduire l’impact du numérique sur l’environnement ?
Difficile de se passer du numérique aujourd’hui. Mais personne ne peut en nier le coût écologique. Comment réduire l’impact environnemental du numérique ? Quelques actions semblent possibles, mais seule la pression citoyenne exercée sur les fabricants pourra faire bouger les choses. Concrètement, allonger la durée de vie et la durée d’utilisation de notre matériel électronique ou électrique engendrerait une baisse du volume de production et donc une diminution de la pollution numérique. Cela implique un effort à plusieurs niveaux :
- Les industriels doivent concevoir des équipements plus solides et plus facilement réparables. Le modèle économique est aujourd’hui basé sur la consommation, et donc sur le renouvellement de nos appareils, plutôt que sur leur remise en état. Leur conception ne permet parfois même pas de les réparer ;
- Nous, en tant que consommateurs, devons faire un effort pour conserver nos équipements plus longtemps, et ne pas en changer inutilement au gré des tendances. En cas de panne, il est préférable pour l’environnement de faire réparer un appareil plutôt que de le jeter. C’est la meilleure façon de diminuer le volume de nos déchets numériques.
Nous consommons le virtuel comme s’il tombait du ciel, sans vraiment nous rendre compte des conséquences. Mais ne nous flagellons pas. Le problème réside peut-être également dans l’accès à l’information. Car il est certain que lorsque l’on nous vend un smartphone ou un téléviseur à écran plat, aucune donnée ne nous est fournie, mentionnant l’impact écologique de l’appareil. Aucun mot sur l’extraction minière des composants, responsables de rejets toxiques massifs, peu d’indications sur la réparabilité de l’appareil. On vous vend du beau, du neuf, du performant, du moderne, de l’ergonomie et du design, bref, du rêve. Serez-vous un consommateur éclairé, ou vous laisserez-vous séduire ?
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